« Victor Hugo a dit : « La main de l’homme est une des merveilles de la nature. » Mais aussi : « L’amour, c’est le soleil de l’âme ! C’est ta main dans ma main doucement oubliée. »

Rendons donc éloge à la main.

La main est un des outils sacrés que le Ciel nous a donnés pour correspondre avec notre for intérieur, avec notre âme, et pour interagir avec le monde extérieur.

Elle est la continuité de l’Esprit, la plume par laquelle se couchent sur le papier les plus belles calligraphies, les poèmes inspirés, les textes chargés d’émotion.

La main est un pont entre la pensée et la matière, une force créatrice capable d’élever l’invisible au rang de tangible.

La main, dans les derniers instants d’un mourant, sait calmer l’Esprit. Posée doucement sur le front ou serrée entre deux doigts tremblants, elle apporte une paix ultime. Par son contact, elle réchauffe l’âme, apaise la peur et fait surgir un sentiment profond de présence et de connexion.

La main est d’une minutie infinie. Elle sculpte, peint, coud, ajuste des mécanismes infiniment précis. Par ses gestes délicats, elle donne naissance aux plus beaux objets d’art, fruits de patience et de dévotion.

Une main habile peut transformer le chaos en beauté. C’est la porte ouverte à des instants sublimes de méditation.

La main, qu’on a parfois voulu amputer de son rôle essentiel, reste le plus beau moyen d’entrer en contact avec l’autre. Un serrement de main n’est pas un simple geste social ; il est un langage en soi.

Dans cette pression, ni trop ferme ni trop faible, se joue une danse, un partage d’énergies, une reconnaissance mutuelle. Un serrement de main peut révéler l’âme d’un être.

La main, parfois paresseuse et molle, peut aussi se montrer tonique et vibrante d’énergie. En son centre réside un chakra mineur, une porte secrète que les taoïstes nous apprennent à « ouvrir » pour transmettre l’énergie vitale à autrui. Une main consciente peut être une extension du Cœur et de l’Esprit, un canal pour offrir chaleur et réconfort.

La main, froide et rigide sous l’emprise du blocage émotionnel, ou humide de faiblesse cardiaque et pulmonaire, raconte une histoire.

Mais elle peut aussi être une source de douce chaleur, capable de calmer les pleurs d’un bébé. La caresse d’une main apaisée et pleine de compassion peut dissiper la peur et inviter au repos.

La main, vieillissante, marquée par le temps, témoigne des batailles menées, des travaux accomplis. Une main ridée porte l’histoire d’une vie. Chaque ligne, chaque tache raconte une étape du chemin parcouru.

La main est aussi l’oracle de notre devenir. Les lignes qu’elle porte sont les chemins invisibles de notre destin. Chacun de ses plis, chaque entrecroisement contient une vérité, une direction, une énergie inscrite par les forces de l’univers.

La main peut retenir une poignée de sable, éphémère symbole du temps qui s’écoule. Ces millions de grains, insaisissables et fugaces, nous rappellent que la main n’est qu’une gardienne temporaire, une métaphore de la fragilité et de la beauté du moment présent.

La main, celle qui soigne et répare, applique des baumes et prodigue des massages. Par sa précision et son intuition, elle apaise les douleurs physiques et émotionnelles, transmettant une énergie bienfaisante.

La main, celle qui unit les êtres dans la prière ou dans un geste de paix. Lorsqu’elle se joint à une autre, elle devient le symbole de l’harmonie universelle, un lien qui transcende les mots.

La main, celle qui s’élève pour applaudir, exprimant la reconnaissance et la gratitude envers la beauté d’un geste, d’un talent ou d’un exploit. Elle est la manifestation de l’admiration.

La main, celle qui enseigne, guidant un enfant dans l’apprentissage d’écrire, de dessiner ou de toucher la vie avec confiance. Par son contact, elle transmet des savoirs et une force invisible.

La main, celle qui recueille, portant à la bouche de l’eau claire, des fruits ou des grains de vie. Elle est le symbole de l’abondance et de la subsistance, une médiatrice entre la nature et nos besoins.

La main, enfin, est le miroir de l’âme et l’extension du cœur. Par ses gestes, ses caresses, sa chaleur, elle exprime ce que les mots ne peuvent dire. Elle est un outil sacralisé par le Ciel, à la fois humilité et grandeur, symbole d’action et de contemplation.

Et lorsque vient l’heure du silence, posons la main sur le cœur. Dans ce simple geste se résument toutes les fonctions de la main : l’écoute, l’émotion, la transmission et l’amour. »

Jean Pélissier